Le gouvernement gabonais a acté une décision qui pourrait transformer durablement l’économie nationale : à partir du 1er janvier 2029, l’exportation de manganèse brut sera totalement interdite. Une mesure forte, qui s’inscrit dans la stratégie de souveraineté industrielle initiée depuis 2023 et renforcée par les autorités de transition. Une réforme lourde aux ambitions assumées
Selon le ministère des Mines, cette décision vise d’abord à forcer la montée en gamme d’un secteur dominé par l’exportation de matières premières non transformées. Le Gabon, deuxième producteur mondial de manganèse, souhaite désormais capturer localement la valeur ajoutée générée par la transformation métallurgique.
« L’objectif est clair : aucune tonne de manganèse ne quittera le pays sans avoir été transformée », affirme une source proche du dossier.
Trois ans pour se transformer
La période 2026–2029 sera une phase de transition obligatoire.
Pendant ces trois années, les opérateurs devront investir massivement dans :
- Des unités de lavage et d’enrichissement ;
- Des unités pyro-métallurgiques ;
- Des infrastructures énergétiques dédiées ;
- Des systèmes logistiques intégrés (rail, port, transport lourd).
Le gouvernement promet un accompagnement technique, réglementaire et fiscal, mais la pression est réelle : les compagnies devront prouver leur capacité à transformer au moins une partie significative de leur production dès 2027.
Pourquoi cette interdiction ?
L’interdiction d’exporter le manganèse brut répond à une ambition claire du gouvernement : reprendre le contrôle de la chaîne de valeur. En transformant localement le minerai, le Gabon pourra mieux valoriser sa ressource, capter davantage de revenus et créer des emplois industriels qualifiés au cœur des zones minières. Cette mesure vise également à attirer des investisseurs technologiques capables d’accompagner la montée en gamme du secteur métallurgique. Enfin, elle doit permettre au pays de réduire sa dépendance aux exportations brutes, en construisant une économie plus robuste, diversifiée et tournée vers l’industrialisation.
Au-delà de l’aspect économique, cette mesure s’inscrit dans une volonté de rééquilibrage territorial : Moanda, Franceville ou Lastourville pourraient devenir de véritables pôles industriels.
Un tournant stratégique pour l’économie gabonaise ,après le pétrole dans les années 70, le manganèse pourrait devenir le nouveau moteur de l’industrialisation.
Si les objectifs sont tenus, le Gabon pourrait se positionner comme un champion africain de la transformation métallurgique, capable de produire localement des alliages, du manganèse raffiné ou du silico-manganèse.
C’est un pari audacieux, mais potentiellement structurant.

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