Le PK12 vit depuis 48 heures un tournant aussi spectaculaire que douloureux. Alors que les autorités avaient annoncé pour ce 9 décembre le lancement des opérations de déguerpissement autour du rond-point, les commerçants ont passé la journée d’hier à déménager leurs boutiques en urgence. Ce matin, dès les premières heures, les bulldozers ont pris le relais et les premières démolitions ont commencé, marquant le début effectif du projet de construction du flyover de la zone Nord de Libreville.

Hier : des déménagements précipités et une tension palpable
Dès le lever du soleil, l’atmosphère était électrique. Partout, des commerçants démontaient des étals, des jeunes chargeaient des frigos dans des taxis-brousse improvisés, et des familles tentaient de sauver le maximum avant l’arrivée des machines.
Ce ballet fébrile traduisait la précipitation, mais aussi la résignation.
Certains affirment avoir été suffisamment informés du calendrier. D’autres parlent d’un manque de communication et de délais trop courts. Quoi qu’il en soit, une seule consigne dominait : libérer l’espace avant la date fatidique.
Autour du rond-point, les transporteurs ont eux aussi dû bouger. Les petites gares improvisées de taxis, clandos et bus ont commencé leur relocalisation selon les nouvelles directives des autorités locales.
Ce matin : l’entrée en scène des bulldozers
À partir de 7 heures, l’ambiance a changé. Le va-et-vient des commerçants a laissé place au bruit puissant des engins de démolition. Les bulldozers ont commencé à raser les boutiques et hangars qui, hier encore, animaient l’un des carrefours les plus fréquentés du Nord de Libreville.
Les échoppes en bois, les toitures en tôle, les constructions précaires… Rien n’a résisté.
Les forces de sécurité encadraient l’opération, empêchant les curieux de trop s’approcher. Certains habitants filmaient la scène, d’autres observaient en silence, le cœur serré.
Un échangeur pour désengorger Libreville
Selon le gouvernement, ce chantier est indispensable pour moderniser la circulation et désengorger un axe devenu chaotique. Le PK12 est en effet l’un des points noirs du trafic gabonais, avec des embouteillages monstres aux heures de pointe.
Le futur flyover devrait permettre :
- de fluidifier l’accès aux communes de Libreville, Akanda et Owendo ;
- de réduire les temps de trajet ;
- d’améliorer la sécurité des piétons ;
- de moderniser l’entrée nord de la capitale.
Cette opération s’inscrit dans une volonté plus large de réorganiser les villes, en éliminant les occupations anarchiques et en sécurisant les zones à forte densité humaine.

Entre modernisation et impact social
Si le chantier est présenté comme un progrès majeur, il laisse derrière lui un impact social important. Beaucoup de commerçants affirment craindre pour leur avenir immédiat. Certains n’ont pas encore trouvé où installer leurs activités. D’autres attendent toujours des compensations ou des mesures d’accompagnement annoncées par les autorités.
Des associations locales appellent à un suivi social rigoureux, afin de ne pas laisser des familles entières sombrer dans la précarité.
À l’inverse, une partie des habitants estime qu’il faut avancer et que la transformation du PK12 était devenue inévitable pour sortir du désordre urbain.

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