
Face à une équation budgétaire devenue explosive, le gouvernement gabonais a tranché : plutôt que d’imposer un choc d’austérité, il choisit de préserver les revenus, les bourses et l’équilibre social. La nouvelle Taxe Forfaitaire d’Habitation (TFH), prélevée directement sur les factures d’électricité, est la mesure phare de cette stratégie que l’exécutif présente comme un “pacte de responsabilité nationale”.
Un choix politique assumé : protéger la population, coûte que coûte
Alors que plusieurs pays du continent ont récemment serré la vis budgétaire — gel des salaires, compression de la fonction publique, réduction des aides — le Gabon refuse de suivre cette trajectoire.
Le président de la République l’a martelé :
« Je ne vais jamais licencier un Gabonais à la fonction publique. »
Ce positionnement, rare dans le contexte actuel, dessine une ligne directrice : la stabilité sociale prime sur l’ajustement brutal. Préserver les bourses, maintenir les salaires, continuer à protéger les ménages : autant de signaux envoyés pour éviter un choc social dans une période déjà fragile.
Un État asphyxié par ses charges structurelles
Mais cette volonté politique se heurte à une réalité brutale :
- 60 % des recettes publiques sont absorbées par la dette,
- 35 % par les salaires,
- laissant à peine 5 % pour les investissements, la salubrité, l’entretien des routes, les infrastructures ou la modernisation des villes.
Autrement dit, l’État fonctionne… mais n’investit presque plus.
C’est ce blocage que la TFH cherche à briser en créant une nouvelle source interne de financement, stable et prévisible.
La TFH : une contribution qui veut rendre visibles les résultats
L’exécutif défend la TFH comme une contribution collective destinée à produire des résultats concrets :
- routes entretenues,
- ordures collectées,
- éclairage public fonctionnel,
- quartiers modernisés.
L’idée : sortir du cercle vicieux où “tout l’argent part dans les charges” sans marge pour améliorer le quotidien.
La TFH serait ainsi un levier pour relancer l’investissement local sans toucher aux salaires des fonctionnaires ni aux bourses étudiantes.
Un pari politique et social
Reste que ce choix est un véritable pari :
- Le pari que les ménages accepteront une nouvelle taxe si les résultats sont visibles et rapides.
- Le pari que la stabilité sociale vaut mieux qu’une cure d’austérité, même si le budget est sous tension.
- Le pari que l’État saura transformer cette ressource en services publics tangibles, faute de quoi la mesure pourrait être mal perçue.
Dans un pays longtemps habitué aux crises budgétaires et aux arbitrages douloureux, le gouvernement tente une voie alternative : responsabiliser sans punir, contribuer sans fragiliser, financer sans sacrifier la cohésion nationale.
Le succès de ce “pacte de responsabilité nationale” dépend maintenant d’une chose : que la population voit, rapidement, la différence sur le terrain.

Leave a Reply